45 indicateurs ESG pour les fonds et sociétés de gestion, et notre guide pour choisir les vôtres

Les indicateurs ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont devenus des métriques incontournables pour les fonds et sociétés de gestion, permettant d’évaluer et de piloter leurs engagements en matière de durabilité. Suivis à plusieurs niveaux – participations individuelles, fonds d’investissement, ou société de gestion dans son ensemble – ces indicateurs offrent une vision structurée de la performance ESG.

Dans cet article, nous vous proposons 45 indicateurs de référence, couvrant des aspects variés tels que les émissions de CO₂, la diversité des conseils d’administration ou encore l’engagement actionnarial. Nous étudions également la pertinence et les limites de ces métriques qui sont au cœur de votre reporting ESG, et vous guidons pas-à-pas dans leur sélection.

Un indicateur ESG est une donnée quantitative ou qualitative qui peut être collectée à différents niveaux (entreprise, fonds, société de gestion…), puis calculée et agrégée au niveau souhaité. Les indicateurs ESG servent à mesurer la performance d’une organisation en matière de durabilité et de responsabilité sociale. Ils permettent d’établir des objectifs clairs, quantifiables et comparables dans le temps. Ils justifient et orientent la stratégie de l’organisation.

Avant de poursuivre votre lecture, renseignez-vous sur les critères ESG.

Les entreprises utilisent les indicateurs ESG pour évaluer leur impact environnemental et social, et piloter leur stratégie. Les fonds et sociétés de gestion les utilisent quant à eux avant d’investir dans une entreprise, mais également tout au long de la période de détention des participations, pour évaluer leur performance ESG, et construire avec elles l’évolution de leur stratégie. Enfin, en définissant des sélections d’indicateurs et en calculant des scores ESG à partir de ces indicateurs, ils visent à obtenir des données comparables pour mieux évaluer la performance ESG d’une entreprise par rapport à celles de leur secteur, ou par rapport à celles de leur portefeuille.

Nous avons sélectionné 15 indicateurs environnementaux plébiscités par les investisseurs et entreprises, mais il en existe bien d’autres. Un reporting ESG ambitieux doit combiner des indicateurs généralistes et spécifiques, adaptés au secteur, à la maturité ESG et aux risques environnementaux de l’organisation.

Par exemple, l’industrie privilégiera les indicateurs liés aux déchets, à la consommation d’eau et d’énergie ou aux rejets. Les acteurs financiers suivront plutôt l’intensité carbone de leurs investissements, l’alignement de leur portefeuille avec la taxonomie européenne et, pour les fonds, des indicateurs propres à leur thèse d’investissement.

Afin de vous guider dans la sélection de vos indicateurs environnementaux, nous en détaillons cinq de référence ci-dessous.

Emissions de GES pour les scopes 1, 2 et 3

Unité : tCO2e

Les émissions de GES quantifient l’impact climatique d’une organisation. Parmi les sept gaz à effet de serre (GES), les trois principaux sont le dioxyde de carbone (CO₂), le méthane (CH₄) et le protoxyde d'azote (N₂O).

Elles sont exprimées en tCO2e (tonne équivalent CO₂), une unité intégrant le pouvoir de réchauffement global (PRG) des différents gaz. Leur mesure repose sur un bilan carbone ou des méthodes comme le GHG Protocol, distinguant trois scopes :

• Scope 1 : émissions directes
• Scope 2 : émissions indirectes liées à l’énergie
• Scope 3 : autres émissions indirectes (ex. déplacements, achats…)

Ces bilans offrent une image instantanée des émissions, mais leur comparaison est limitée, entre autres en raison des variations méthodologiques.

Consommation d’énergie

Unité : MWh, kWh…

La consommation d'énergie correspond à la quantité d’énergie utilisée par un appareil, une machine ou un bâtiment. Agrégée, elle représente la consommation d’une organisation.

Une part importante des émissions de GES provient de l’énergie. Pour réduire son impact climatique, une organisation doit souvent limiter sa consommation ou changer de source d’énergie. Toutes n’ont pas le même effet sur le climat : il est donc pertinent de distinguer énergie renouvelable et non renouvelable et de ventiler l’évaluation des consommations par type (fossile, nucléaire, solaire, géothermique, hydraulique…).

Intensité énergétique ou carbone des activités de l’organisation

Unité : tCO2e/unité de CA, MWh consommé/unité de CA, tCO2e / montants investis, MWh/montants investis

L’intensité énergétique est un indicateur calculé à partir de la consommation d’énergie et d’un montant monétaire, généralement le chiffre d’affaires, les montants investis (pour un acteur financier), ou le PIB (pour un pays). Elle permet de mesurer l’efficacité énergétique, c’est-à-dire à quel point une organisation est « gourmande » en énergie. Autrement dit, elle permet d’obtenir la quantité d’énergie consommée pour générer un euro de CA, de PIB ou encore un € investi dans une participation.

Pourcentage d’éligibilité et d’alignement à la taxonomie européenne

Précision : % d’éligibilité et d’alignement du CA, CapEX, OpEX et par critère de contribution substantielle

La taxonomie européenne classe les activités économiques selon leur contribution à la transition écologique. Son but ? Mesurer la part « verte » d’une entreprise ou d’un investissement, renforcer la transparence et orienter les capitaux vers des activités durables.

Elle repose sur deux concepts : l’éligibilité, qui indique si une activité est évaluée par le règlement, et l’alignement, qui signifie qu’elle contribue positivement aux critères définis par le règlement Taxonomie sans causer de dommages à d’autres.

Le règlement Taxonomie impose aux organisations d’évaluer la part de leur CA, CapEx et OpEx éligible et alignée, globalement et pour chacun des six critères de contribution substantielle.

Alignement de la stratégie de l’entreprise sur des objectifs net zéro, les Accords de Paris…

Seul indicateur qualitatif de notre focus, l’alignement de la stratégie de l’organisation sur des engagements ou normes internationales est un élément clé de votre reporting ESG.

Quelques exemples de cadres et normes :

• Accords de Paris
• Objectifs net zéro – par exemple tels que définis par SBTi avec son SBTi Corporate Net Zero Standard, ou internes à l’organisation
• Objectifs du Développement Durables et Pacte mondial des Nations-Unies

Evaluer une organisation sur cet indicateur permet de mieux comprendre comment les enjeux de durabilité sont intégrés à sa stratégie et estimer sa maturité sur ces questions. Un indicateur qualitatif sur les labels et certifications obtenus par l’organisation sera complémentaire.

A l’instar des indicateurs environnementaux, un reporting ESG complet intégrera autant des indicateurs sociaux quantitatifs que qualitatifs.

Si les indicateurs sociaux peuvent paraître à première vue plus trans-sectoriels que des indicateurs environnementaux, ils peuvent également être adaptés au secteur, à la localisation, aux priorités et politiques de l’organisation. A titre d’exemple, il sera pertinent pour une entreprise implanté dans une territoire spécifique de mettre en avant ses relations avec l’écosystème économique et associatif local, et pour un acteur de l’industrie d’évaluer précisément l’accidentologie dans ses usines.

Afin de vous guider dans la sélection de vos indicateurs sociaux, nous en détaillons cinq de référence ci-dessous.

Taux de turnover (%)

Le taux de turnover – ou taux de rotation – est un indicateur très classique. Il quantifie les départs et arrivés au sein d’une organisation, et donne ainsi une indication sur le renouvellement des effectifs. Son analyse devra évidemment être contextualisée.

Le taux de turnover peut être calculé sur les effectifs permanents ou les effectifs non-permanents (CDD, intérim…).

Indicateurs liés à l’égalité salariale et index Egapro

Les indicateurs permettant d’évaluer l**’égalité salariale femmes-hommes** au sein d’une organisation sont nombreux : ratio entre le salaire le plus élevé et le plus faible, écart de rémunération moyenne entre hommes et femmes, nombre d’hommes et femmes parmi les 10 plus hautes rémunérations…

En France, les entreprises de plus de 50 salariés doivent reporter un indicateur agrégé, l’index Egapro, construit à partir de plusieurs de ces indicateurs. Reporté par près de 29 000 organisations en France, cet indicateur a ainsi toute sa place dans votre reporting ESG.

Part de collaborateurs en contrats précaires (CDD, intérim…)

Calculer la part de collaborateurs en contrats précaires (par exemple en CDD ou en intérim) dans une organisation permet d’avoir une meilleure vision de la structuration des effectifs au sein de l’entreprise.

Couplé au taux de turnover, à des informations sur la qualification des collaborateurs, et à d’autres indicateurs qualitatifs (relatifs à la qualité de vie au travail, par exemple), cet indicateur permet d’analyser la responsabilité et la soutenabilité de la politique RH de l’entreprise. Signalons néanmoins qu’une analyse sectorielle de ces indicateurs est plus que recommandée, certains secteurs recourant de manière structurelle aux contrats courts, et certains types d’emplois étant beaucoup plus touchés que d’autres.

Indicateurs liés à la diversité et à l’inclusion

Les questions Diversité & Inclusion sont désormais incontournables au sein des organisations. Un suivi d’indicateurs liés à ces questions permettra d’évaluer la mise en œuvre des politiques D&I d’une organisation : part de salariés en situation de handicap, pyramide des âges au sein de l’entreprise… Des indicateurs qualitatifs permettront aussi aux organisations de développer les politiques mises en place pour lutter contre les discriminations, et favoriser l’émergence d’un environnement de travail inclusif.

Systèmes de partage de la valeur

Exemples : Accord de participation, BSPCE, attributions gratuites d’actions, prime de partage de la valeur… et modalités de leur mise en place

Les dispositifs de partage de la valeur au sein de l’entreprise sont nombreux. Il peut ainsi être pertinent d’identifier lesquels sont en place au sein d’une organisation, et d’évaluer la proactivité des cadres dirigeants sur ces questions.

Finalement, un reporting ESG ne serait pas complet sans des indicateurs liés à la gouvernance, tant quantitatifs que qualitatifs. Ces indicateurs permettent d’évaluer la transparence, l’éthique et la structure décisionnelle d’une organisation, des éléments clés pour mesurer son engagement en matière de durabilité.

Afin de vous guider dans la sélection de vos indicateurs liés à la gouvernance, nous en détaillons cinq de référence ci-dessous.

Politique de rémunération des postes à responsabilité en fonction de critères ESG

La politique de rémunération peut jouer un rôle clé afin d’encourager la poursuite d’objectifs durables, et l’implémentation des changements d’ampleur requis pour mieux aligner la politique d’une organisation avec ses objectifs de durabilité et responsabilité.

Collecter des informations sur l’existence d’une politique de rémunération liée aux critères ESG, notamment pour les postes à responsabilités, et sur les modalités de sa mise en place, permettra de mieux évaluer l’engagement de l’organisation.

Nombre de membres indépendants dans les organes non-exécutifs

Indicateur classique du critère « Gouvernance », le nombre de membres indépendants (et le ratio entre membres indépendants et non-indépendants qu’il permet de calculer) dans les organes non-exécutifs permet de dresser un portrait plus transparent de la manière dont l’organisation est dirigée.

Vous gagnerez à approfondir votre analyse de la composition de ces organes de gouvernance, par exemple en y évaluant la part de femmes et de salariés.

Labels ou certifications obtenus par l’organisation

L’engagement d’une organisation en matière de durabilité peut déboucher sur l’obtention de labels ou de certifications. Ils peuvent concerner des pratiques spécifiques, comme la qualité de vie au travail (ex : label Positive Workplace). Des produits peuvent également être certifiés : label Agriculture Biologique, Ecolabel européen, Ecocert, etc. Enfin, les labels et certifications peuvent aussi porter sur l’engagement général de l’entreprise : B Corp, Ecovadis, LUCIE 26000, Engagé RSE…

Selon l’industrie et le secteur, les labels seront différents, et pour certaines organisations, la labellisation d’un produit sera plus significative de l’engagement de l’organisation qu’une labellisation ou certification globale. Il convient donc d’adapter vos indicateurs en fonction de ces paramètres.

Mesures de lutte contre la corruption et transparence quant aux pratiques de lobbying

Les politiques de lutte contre la corruption mises en place par une organisation (contrôles, process et formations) font partie intégrante du reporting ESG. De la transparence quant aux pratiques de lobbying de l’organisation est également souhaitable, il peut donc être pertinent d’intégrer à votre reporting ESG un ou plusieurs indicateurs permettant d’évaluer le positionnement d’une organisation sur ces thématiques.

Politiques d’exclusion (armes, défense, tabac, fourrure…)

L’application de politiques d’exclusion est généralement un indicateur spécifique aux acteurs financiers : en effet, il cadre leur politique d’investissement, en désignant des secteurs dans lesquels l’acteur financier refuse d’investir.

Le détail de ces politiques d’exclusions est un bon indicateur des engagements du fonds. Il sera pertinent de l’intégrer dans le reporting ESG d’un fonds de fonds, par exemple.

Le choix de vos indicateurs ESG est déterminant, car il oriente durablement votre reporting ESG, et le signal envoyé aux parties-prenantes auprès desquelles la donnée est collectée : participations, filiales…

Suivez notre guide pas à pas pour sélectionner les bons indicateurs.

Sélectionner ses indicateurs ESG en trois étapes

Adaptez vos indicateurs au niveau de collecte des données : une usine, une filiale, une PME ou une startup n’ont pas les mêmes capacités. Si votre reporting couvre diverses organisations, combinez une base commune avec des indicateurs adaptés à leur taille ou secteur.

Intégrez des indicateurs quantitatifs et qualitatifs, complémentaires pour contextualiser l’analyse. Privilégiez une sélection pertinente plutôt qu’un grand nombre d’indicateurs au faible taux de couverture. Certains indicateurs peuvent néanmoins être suivis même si vous anticipez un faible taux de couverture, dans le but d’envoyer un signal clair sur vos attentes ESG. Votre objectif : collecter de la donnée ESG de qualité.

Le pilotage est essentiel : suivre l’évolution des indicateurs permet d’identifier des tendances, comparer la progression ESG et ajuster votre stratégie. Cela aide aussi à mieux évaluer les risques climatiques, sociaux ou de transition.

Les indicateurs ESG influencent de plus en plus les décisions d’investissement, obligeant les entreprises à répondre aux attentes des acteurs financiers - et positionnant les entreprises dans une démarche proactive dans une position favorable. L’évaluation ESG est désormais intégrée aux processus d’investissement, tant en phase de préinvestissement que de détention des actifs.

Lors de la due diligence, une entreprise avec une bonne performance ESG et peu de controverses sera privilégiée, car elle réduit les risques climatiques, réglementaires et financiers. Les investisseurs cherchent aussi à saisir les opportunités qu’offre une démarche RSE proactive : accès facilité aux financements ESG (fonds à impact, ISR…) et meilleure performance à long terme.

En phase de détention, ils suivent de près la performance ESG de leurs participations, fixant parfois des objectifs. Certains adoptent une approche d’actionnariat actif, influençant les décisions via leur vote en assemblée générale pour pousser les entreprises à mieux intégrer les enjeux ESG.

Greenscope vous accompagne tout au long de votre reporting ESG, de l’identification de vos enjeux matériels à votre collecte de données, en passant par la sélection de vos indicateurs ESG. Contactez-nous pour en savoir plus sur nos solutions de reporting ESG.